Bruit dans les bureaux ouverts : le rôle de l’acousticien

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bureau ouvert où des salariés collaborent mais où le bruit peut aussi être source de difficultés à se concentrer
Les bureaux ouverts favorisent la collaboration entre salariés, mais peuvent aussi nuire à la concentration. C’est le rôle de l’acousticien de trouver des solutions pour optimiser le confort de travail d’un bureau ouvert.

De nos jours, nous travaillons fréquemment dans des bureaux ouverts, ou « open space ». Censés stimuler la collaboration, la communication et la créativité, ces environnements peuvent aussi être source de bruit, de stress et de problèmes de concentration. Lors de la conception d’un nouvel espace ou lors de travaux d’aménagement, l’acousticien peut accompagner l’optimisation du confort de travail d’un bureau ouvert.

Coût social du bruit au travail : les bureaux sont concernés

Le bruit au travail a un coût social : 21 milliards d’euros[1] selon une étude de l’Ademe menée en 2021. Historiquement, si l’exposition au bruit en milieu professionnel était principalement associée aux métiers d’usine, l’avènement de l’économie tertiaire a changé la donne. Nous travaillons fréquemment dans des bureaux ouverts, espaces réputés comme favorisant la collaboration, la communication et la créativité. Dans ces environnements, les opérateurs font cependant état d’une gêne liée au bruit, pouvant entraîner baisse de la productivité, fatigue, maladies professionnelles et accidents du travail. La gêne sonore en « open space » est une réalité qui touche beaucoup de salariés : selon l’INRS[2], 59% des employés travaillant en bureau ouvert considèrent le niveau sonore comme étant élevé ou très élevé et représente une gêne pour 53% d’entre eux. Or, les bureaux ouverts représentent 60% des espaces de travail français.

Intelligibilité de la parole : un critère essentiel

Dans les bureaux, les configurations ouvertes représentent un défi de taille pour l’acousticien. La plupart des personnes y éprouvent des difficultés à trouver un endroit propice à la concentration et qui permette de travailler sans être dérangé. On voit donc là toute la dimension humaine qui s’y rattache : la gêne exprimée n’est pas tant liée à un niveau sonore trop élevé, mais davantage au sentiment de subir les conversations et leur intelligibilité. L’intelligibilité des conversations est un critère objectif qui devrait faire partie intégrante des cahiers des charges ou des programmes des aménageurs de bureaux.

La démarche de l’acousticien pour améliorer le confort sonore dans les bureaux ouverts

La phase d’analyse

L’ingénieur acousticien collabore avec l’aménageur, l’architecte d’intérieur et les utilisateurs finaux pour gérer tous les aspects liés à la qualité acoustique des bureaux. La réussite de l’aménagement d’un plateau de bureaux paysagers repose en grande partie sur l’adaptation des paramètres acoustiques à la spécificité de chaque espace. Avant d’intervenir sur un espace donné, il est donc indispensable d’analyser en détail le type d’activité exercé sur le plateau ainsi que les diverses sources de nuisances sonores. Le projet débute donc par l’identification des besoins acoustiques, en tenant compte des usages spécifiques des bureaux et des activités qui y sont menées. Pour un site existant, il est recommandé de procéder à un diagnostic détaillé de la situation actuelle. Cela inclut des mesures acoustiques réalisées à l’aide d’une source sonore normalisée, ainsi que des relevés du bruit ambiant effectués en présence et en l’absence d’occupation. Par ailleurs, des formulaires peuvent être utilisés pour recueillir le ressenti des collaborateurs, identifier les interventions prioritaires et les axes d’amélioration. Par exemple, le questionnaire « GABO » (pour Gêne Acoustique dans les Bureaux Ouverts), proposé par l’INRS, peut aider à hiérarchiser les actions à mener. Le questionnaire intègre des questions ouvertes, apportant ainsi des informations plus complètes et la possibilité d’une analyse plus fine.

La modélisation

Pour atténuer les nuisances sonores dans les open-spaces, il est conseillé d’adopter une organisation réfléchie de l’espace, en réduisant autant que possible les activités simultanées, qui se gênent mutuellement. Ces ajustements peuvent être optimisés grâce à l’élaboration d’un modèle 3D de la configuration des lieux, dans lequel sont intégrés les traitements acoustiques envisagés. Les résultats sont simulés en différents points et présentés sous forme de cartes acoustiques, permettant d’évaluer des paramètres clés tels que le niveau sonore, le temps de réverbération, l’intelligibilité, la décroissance spatiale du bruit ou encore l’isolation entre postes. Selon les résultats obtenus, des ajustements sont proposés et discutés avec le comité de pilotage du projet. Le rapport final inclut un plan précis des zones à traiter, détaillant la localisation des solutions acoustiques préconisées.

Les pratiques recommandées : les normes ISO

En France, deux normes principales viennent en appui des aménageurs souhaitant améliorer le confort de travail dans des espaces de bureaux ouverts. La NF S31-080 (2006), dédiée à l’acoustique des bureaux et des espaces associés, définit les paramètres acoustiques spécifiques à chaque type d’espace et propose trois niveaux de performance, en fonction des exigences de confort visées ; la NF EN ISO 22955 (2021) relative à la qualité acoustique des espaces de bureaux ouverts. Sa particularité est d’adapter les critères acoustiques recherchés lors de l’aménagement en fonction du type d’usage des plateaux de bureaux.

Bâti et aménagements intérieurs : deux stratégies distinctes

La qualité acoustique de la construction (planchers, façades, refends, équipements techniques, revêtements de sol) détermine les performances inhérentes au bâti. Ce sont autant de paramètres qu’il faudra le cas échéant améliorer suivant les situations : isolement aux bruits aériens entre lots ; niveau de bruit lié aux installations techniques ; transmission des bruits de choc ; isolement aux bruits de l’espace extérieur (transports, activités). L’aménagement intérieur des espaces de travail est quant à lui directement conditionné par la nature des activités qui s’y déroulent. Parmi les solutions disponibles, on peut citer les cloisons fixes ou modulaires (démontables), les panneaux muraux absorbants, ainsi que le mobilier, incluant les séparateurs entre postes de travail. Ces éléments jouent un rôle clé dans plusieurs aspects : la réduction du bruit ambiant, le contrôle de la réverbération sonore, l’amélioration du confort individuel, la gestion de la décroissance sonore à travers l’espace, l’intelligibilité des conversations, l’isolation acoustique d’un poste à l’autre. Ils permettent également de créer des environnements adaptés aux besoins spécifiques, tels que des salles de réunion, des espaces collaboratifs, des zones de concentration ou encore des espaces de détente.

Bureaux ouverts et qualité acoustique : l’importance des comportements individuels

Quels que soient les aménagements et les solutions acoustiques mis en place –traitement passif ou actif tel que le masquage sonore –, le comportement individuel reste une composante centrale de la qualité sonore des espaces de travail collectif. Cela nécessite que chacun prenne conscience que la santé et le confort sonore dans ces espaces est l’affaire de tous : chaque salarié est acteur et responsable de sa propre prévention.

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[1] Ademe Coût social du bruit en France – 2021
[2] Environnement sonore en bureaux ouverts : évaluation de la gêne et démarche d’amélioration, Brochure INRS ED 6402, février 2021

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