Espace 9 a réalisé les études acoustiques d’un projet de ZAC pour lequel le fort engagement du maître d’ouvrage en matière de protection contre le bruit a motivé l’établissement de cartes des écarts acoustiques entre l’état initial et l’état projeté. Une façon plus visuelle de présenter les résultats et une opportunité de mieux identifier les éventuels points d’amélioration.
La Métropole Rouen Normandie, plateforme industrielle, logistique et portuaire d’importance nationale, poursuit une stratégie de développement économique qui repose notamment sur la mise à disposition d’emprises foncières à destination des industries et entreprises désireuses de s’implanter sur son territoire. Privilégiant une logique de requalification des friches industrielles identifiées sur son territoire, la Métropole a décidé la reconversion du secteur Orgachim-Yorkshire en un parc d’activité dédié aux PME et industries. Pour aménager de façon qualitative cet espace vaste de 53 hectares situé sur les communes d’Oissel-sur-Seine et de Saint-Étienne-du-Rouvray (76), une Zone d’Aménagement Concertée (ZAC) a été souhaitée. Le volet acoustique de l’étude d’impact du projet a été confié au bureau d’étude acoustique Espace 9.
Renouvellement urbain, zéro artificialisation nette, volonté d’un impact acoustique minimal
La Métropole a décidé que l’aménagement sur son territoire de nouvelles zones d’activités économiques devait se faire prioritairement en renouvellement urbain, en limitant la consommation d’espaces naturels et agricoles. C’est dans ce contexte de reconstruction de la ville sur elle-même et de démarche Zéro Artificialisation Nette (ZAN) que s’inscrit ce projet de reconversion économique et écologique d’anciennes friches industrielles. Audrey Hirbec, responsable de projet à la Direction de l’Aménagement et des Grands Projets de la Métropole Rouen Normandie, détaille les implications d’un tel parti-pris : « Quand on choisit de requalifier une friche industrielle pour limiter l’étalement urbain, le contexte n’est pas choisi, il est donc fortement contraint. Notamment, la présence de deux résidences d’habitations en cœur de site a sensiblement compliqué le volet « protection environnementale » de cet aménagement. Pour autant, la maîtrise d’ouvrage s’est attachée à choisir le projet ayant l’impact acoustique le plus faible. »
De nombreuses réglementations acoustiques concernées : ICPE, bruits de voisinage voies nouvelles, logements neufs…
L’aménagement projeté prévoit la création de deux nouvelles voies de circulation, l’implantation d’activités industrielles, le développement de zones dédiées à des activités à dominante artisanale et la création de logements (2700m2 habitables, soit environ 110 habitants). Un tel projet doit donc respecter les textes réglementaires visant la prévention de l’exposition au bruit des populations : création de nouvelles infrastructures routières ; construction de logements dans le périmètre de voies classées bruyantes par le préfet (voie ferrée classée en catégorie 1) ; implantation d’activités potentiellement bruyantes (commerces, activités artisanales, industries non classées) ; implantation de nouvelles installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE).
Les cartes des écarts entre l’état initial et l’état projeté : plus qu’une aide visuelle
L’installation des activités industrielles et artisanales n’étant prévue qu’à moyen terme, outre des recommandations aux constructeurs des futurs bâtiments amenés à s’insérer sur le site, l’essentiel du périmètre de l’étude d’impact acoustique réalisée par Espace 9 a porté sur l’évaluation des conséquences du nouveau plan de circulation associé au projet. Pour ce secteur situé au carrefour d’embranchements ferroviaires et de plusieurs connexions routières structurantes, avec des logements existants et des bureaux tous situés en zone à ambiance sonore modérée1, la protection acoustique des riverains représente un enjeu fort pour la Métropole. Soucieux de répondre à cette exigence de la part du maître d’ouvrage, les acousticiens d’Espace 9 en charge de ce dossier avaient à cœur de fournir une analyse la plus complète possible de la situation. C’est la raison pour laquelle, le choix a été fait de proposer à la Métropole une approche originale consistant en une cartographie illustrant les écarts entre l’état acoustique initial et l’état acoustique projeté. Pourquoi cela ? Le strict respect des niveaux limites réglementaires peut cacher des situations où, entre l’état initial et l’état projeté, le niveau sonore connaît une augmentation non négligeable, de l’ordre de 3 à 5 dB(A), c’est-à-dire une variation pouvant être perçue comme gênante2. Ces cartes des écarts permettent de visualiser rapidement les améliorations ou dégradations de l’ambiance sonore imputables à la création d’une voie nouvelle. Ainsi, les éventuels points d’attention, qui mériteraient le cas échéant un traitement acoustique particulier, sont aisément repérés.
En l’occurrence, dans ce projet, l’analyse menée par Espace 9 montre que, globalement, la création des deux voies nouvelles se traduit par un délestage des voies existantes. Différents scénarios ont néanmoins été modélisés par Espace 9 : vitesse limitée à 30 km/h, vitesse limitée à 50 km/h ; maintien ou suppression d’un feu tricolore, etc. Audrey Hirbec partage ce point de vue que la cartographie des écarts constitue un plus pour évaluer les situations où le projet risque de se traduire par une détérioration de la qualité de l’environnement sonore : « Cette approche nous a amenés à revoir notre projet. Notamment, sur certaines voies, nous avons dû limiter la vitesse à 30 km/h et, pour s’assurer que les usagers respecteront réellement cette limitation, nous avons prévu des aménagements et des tracés adaptés. Le travail approfondi mené par Espace 9 est en quelque sorte la traduction de ce parti-pris d’aménagement qui consiste à considérer que ce n’est pas à l’environnement existant de s’adapter à la ZAC, mais l’inverse. » La cartographie des écarts produite par Espace 9 a permis de quantifier le futur environnement sonore du projet, de le comparer à l’environnement existant, pour, au final, montrer que le projet se traduirait pour les riverains par une amélioration de leur quotidien sonore.
L’intégration paysagère, facteur supplémentaire de réduction du bruit
Bien que la régénération économique de ces 53 hectares de friches constitue l’enjeu principal de l’aménagement de ce secteur, la proximité des secteurs habités, les rencontres menées avec les habitants, ont réorienté le projet pour consacrer une place importante au traitement des accroches et espaces de transition entre les secteurs habités existants et la future zone d’activité. Le maitre d’ouvrage a ainsi fait le choix de conserver d’importants boisements, de développer des espaces paysagers, récréatifs et de déporter le trafic lié aux futures activités sur des voies nouvelles mises à distance de ces habitations. Explications d’Audrey Hirbec : « Par la présence d’une trame paysagère forte, en délimitant des espaces de transition, en particulier la conservation sur au moins 100 m des boisements denses qui bordent les habitations, en misant sur la centralité des parcs et des aires de jeux, des gains acoustiques sont obtenus, certes difficilement quantifiables, mais bien réels. »