Pyrénées Atlantiques : le département privilégie la réduction du bruit à la source

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Chantier de renouvellement de couche de roulement en bitume acoustique sur la RD810 (commune de Biarritz)

En charge de la construction et de l’entretien d’un réseau routier de plus de 4500 km, le département des Pyrénées-Atlantiques mène une politique de réduction du bruit routier notamment basée sur la mise en œuvre d’enrobés acoustiques. Le CD64 a confié à Espace 9 la responsabilité des études acoustiques « avant-après » qui permettent d’objectiver les gains acoustiques de ces opérations.

La Directive européenne 2002/49/CE relative à l’évaluation et à la gestion du bruit dans l’environnement prévoit l’obligation d’élaborer des cartes de bruit stratégiques et, à partir de ce diagnostic, d’élaborer des plans de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE). Le département des Pyrénées Atlantiques est concerné par ce dispositif au titre des routes départementales dont il a la charge. Bien que les autoroutes A63 et A64 soient classées parmi les axes routiers les plus bruyants du département, leur position généralement éloignée des zones résidentielles denses réduit leur impact sonore sur la majorité des habitations avoisinantes. Ce sont principalement les axes de circulation situés au cœur des zones urbaines et résidentielles qui sont les plus affectés par les nuisances sonores. Par exemple, la RD 810, l’ancienne RN10 qui traverse les zones urbaines d’Ondres à Biarritz, figure parmi les principaux « points noirs du bruit routier » dans la région, surtout durant la saison estivale.

La résorption des points noirs du bruit vise à faire descendre les valeurs d’exposition en dessous des seuils réglementaires. Deux conditions à respecter : gain acoustique de 5 dB(A) au moins, atteinte d’un niveau inférieur à 65 dB(A) le jour. Pour ce faire, la priorité est donnée aux actions durables à la source (modération de trafic, revêtement de chaussées performants, écrans antibruit…).

PPBE départemental : priorité aux enrobés acoustiques

Dans le cadre du premier PPBE mis en œuvre par le département des Pyrénées Atlantiques, qui date de 2015, une première phase de diagnostic avait permis de cartographier les zones les plus critiques, c’est-à-dire les zones urbanisées où les niveaux sonores dans l’environnement sont, ou risquent, d’être très importants. Pour réduire le bruit dans ces secteurs, un programme de réduction du bruit à la source, consistant essentiellement en la pose de revêtements de chaussée acoustiques, a été élaboré. Depuis plusieurs années, le CD64 procède donc régulièrement à des opérations de pose d’enrobés acoustiques.

Céline Delacroix est expert développement durable à la Direction des routes et infrastructures du département des Pyrénées-Atlantiques. C’est elle qui est en charge de l’animation du PPBE départemental. Elle explique ce choix de privilégier le traitement par enrobé acoustique : « Ce type d’enrobé offre l’avantage de conjuguer une réduction significative du bruit avec des impératifs de sécurité, tels que la drainabilité et l’adhérence. Les gains acoustiques que l’on peut attendre d’un remplacement de revêtement de chaussée classique par un enrobé acoustique sont de l’ordre de 3 à 6 dB(A), ce qui permet dans la plupart des cas de descendre en dessous des seuils. »

Les campagnes de mesures acoustiques

Le département a choisi de confier à Espace 9 les campagnes de mesures acoustiques de son réseau routier permettant d’objectiver les gains acoustiques apportés par ces changements de revêtement. Il s’agit, avant et après mise en œuvre de l’enrobé acoustique, de réaliser des mesures acoustiques en champ éloigné, en façade des habitations riveraines. Les niveaux sonores sont enregistrés sur les périodes 6h-22h et 22h-6h, permettant ainsi de déterminer l’efficacité perçue chez les riverains sur ces périodes. En parallèle, des comptages automatiques de trafic permettent un calage des résultats acoustiques avec des conditions de trafic routier normalisées. Cédric Ré, le responsable de l’agence Espace 9 Bordeaux-Nouvelle Aquitaine, nous explique l’utilité de ces comptages : « Comme on ne peut pas se permettre de réaliser des campagnes de mesure qui durent une année entière, les performances acoustiques des revêtements de chaussée sont analysées sur des niveaux extrapolés à partir du trafic mesuré, ceci afin de pouvoir comparer les situations à niveaux de trafic semblables. Ces extrapolations sont encadrées par la norme NFS 31-085 dite de caractérisation et mesurage du bruit dû au trafic routier ». A signaler également que, conformément à cette norme, la nature routière du bruit mesuré est vérifiée par des tests (continuité du signal, test de Gauss, etc.). Pour se donner davantage encore de garanties quant à la validité des mesures, Cédric Ré ajoute que « Les sonomètres sont paramétrés de telle façon que des enregistrements audio se déclenchent automatiquement en cas de signal sonore présentant une anomalie manifeste, et qu’un outil Excel propriétaire les assiste dans le traitement des mesures ». Une organisation bien huilée qui fait gagner du temps et qui permet aux acousticiens d’Espace 9 de se consacrer véritablement à leur métier d’analyse plutôt qu’à des tâches chronophages de paramétrage du système de traitement.

Les performances acoustiques d’un revêtement routier diminuent avec le temps en raison de l’usure mécanique liée au trafic et aux intempéries et du colmatage progressif des vides des revêtements poreux par la pollution et les microparticules liées à l’usure des pneus. Au bout de 70 à 80 mois, les revêtements de chaussée de type BBTM (pour « Béton Bitumineux Très Mince ») reviennent à des niveaux sonores identiques aux revêtements initiaux de type BBSG (pour Bétons Bitumineux Semi-Grenus). La mission de caractérisation acoustique confiée par le CD64 à Espace 9 inclut donc également des campagnes de mesures destinées à identifier les tronçons sur lesquels un renouvellement de l’enrobé serait nécessaire. Bien que moins fréquent, le cas de la création de voies nouvelles nécessite aussi l’intervention d’un bureau d’études en acoustique. Avant la création (ou la modification significative) de l’infrastructure routière, Espace 9 caractérise l’ambiance sonore préexistante qui détermine les seuils maximums à respecter. Une fois la voie créée, Cédric Ré et son équipe vérifient que ces seuils ne sont pas dépassés.

Il arrive aussi que des mesures soient diligentées pour répondre à d’éventuelles plaintes. Précisions de Céline Delacroix : « Les enquêtes menées auprès des riverains juste après les travaux confirment qu’il y a une vraie perception d’un meilleur confort sonore. Mais en cas de plaintes, nous réalisons des mesures ponctuelles afin de vérifier qu’on ne dépasse pas les seuils réglementaires. Nous nous appuyons d’ailleurs beaucoup sur l’expertise d’Espace 9 pour apporter aux particuliers des éléments de compréhension de cet enjeu de l’exposition au bruit. »