Restauration scolaire : comment améliorer l’acoustique des cantines ?

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salle de restauration scolaire de grand volume où l'acoustique doit être une priorité
Dans les locaux de restauration scolaire, la mauvaise qualité acoustique engendre un bruit trop élevé qui peut affecter le comportement et les capacités d’apprentissage des élèves, et même avoir un impact sur leur santé

Dans les locaux de restauration scolaire, la mauvaise qualité acoustique engendre un bruit trop élevé qui peut affecter le comportement et les capacités d’apprentissage des élèves, et même avoir un impact sur leur santé. Réduire le bruit dans les cantines constitue donc un enjeu essentiel. Les solutions reposent sur une approche combinant le traitement acoustique des espaces, un agencement optimisé et l’adoption de bonnes pratiques comportementales. Tour d’horizon des solutions à mettre en place.

Les enquêtes menées en milieu scolaire montrent que 70 % des élèves du primaire et du second degré considèrent qu’il y a trop de bruit à la cantine. Une enquête menée en janvier 2021 par OpinionWay pour Saint-Gobain Ecophon révèle que 86 % des collégiens et lycéens français estiment que leur établissement est trop bruyant, la cantine étant identifiée comme l’espace le plus bruyant par 89 % des élèves. Rien d’étonnant à cela, car le niveau sonore y dépasse régulièrement les 90 décibels, soit une ambiance sonore comparable à celle qu’on rencontre couramment en milieu industriel ! La problématique est d’autant plus sérieuse que, selon la réglementation relative l’exposition au bruit en milieu de travail, il est vivement conseillé de porter des protections auditives dès 85 dB(A).

Dans les locaux de restauration scolaire, un bruit trop élevé peut affecter le comportement et les capacités d’apprentissage des élèves, et même avoir un impact sur leur santé. Chez le personnel d’encadrement, cela peut entraîner des extinctions de voix, des troubles auditifs, de la fatigue et du stress. Le confort acoustique de ce type d’espaces constitue donc un enjeu important et cette préoccupation doit être prise en compte dans tout projet de réaménagement. La réduction du bruit en restauration scolaire repose sur une combinaison d’améliorations matérielles, d’agencement intelligemment pensé, de sensibilisation et de bonnes pratiques comportementales. Dans cet article, nous passons ces principes en revue, après un rappel des conséquences sur l’apprentissage, le bien-être et la santé d’une mauvaise qualité acoustique dans les cantines.

Les conséquences d’une mauvaise qualité acoustique dans les espaces de restauration scolaire

Le bruit à la cantine engendre des difficultés de communication

L’intensité sonore en cantine exerce une pression auditive néfaste. Le bruit à la cantine constitue une véritable nuisance pour les enfants durant la pause méridienne, ce qui rend leurs échanges plus compliqués. Il limite leur capacité à discuter, à interagir et à développer leurs compétences en communication, les obligeant à élever la voix pour se faire entendre. Cette ambiance sonore excessive influence leur comportement : certains peuvent réagir par des attitudes bruyantes ou agressives, tandis que d’autres, plus réservés ou sensibles au tumulte, préfèrent se replier sur eux-mêmes, risquant ainsi l’isolement social. Quelle que soit la réaction des enfants, une mauvaise acoustique dans le réfectoire crée un cadre peu propice à leur bien-être et à des interactions sereines.

Le bruit à la cantine peut provoquer du stress et de l’anxiété

Un niveau sonore élevé peut engendrer du stress et de l’anxiété chez les enfants. L’incapacité à communiquer aisément, l’obligation de parler fort pour échanger avec leurs camarades ou encore le fait d’attirer l’attention du personnel de cantine pour parvenir à se faire entendre sont autant de facteurs pouvant générer un sentiment de malaise. Confronté à cette situation, l’enfant peut se sentir dépassé et inconfortable, ce qui risque d’altérer son bien-être émotionnel.

Le bruit à la cantine entraîne des problèmes de concentration en classe

Le bruit constant perturbe la concentration de l’enfant. Qu’il s’agisse de distraction lors du moment du repas, l’empêchant d’être acteur de ce dernier, ou en aval, lors de la reprise de la classe, les enfants disposent de facultés psychiques encore trop peu développées pour emmagasiner une gêne auditive en permanence et réussir à se concentrer lors des temps de travail. Ceci sans parler des éventuels troubles ou handicap que peuvent connaitre certains petits, ou encore du retour à la maison, nécessitant de la concentration pour les devoirs. Le bruit cause des difficultés directes sur l’apprentissage des écoliers et leur réussite scolaire.

Le bruit à la cantine peut encourager de mauvaises habitudes

Le bruit et le stress à la cantine incitent les enfants à quitter la table le plus rapidement possible. Cela inclut donc de raccourcir leur repas, ou bien, de ne pas manger du tout. Autant d’habitudes qui ont des conséquences sur la suite de leur journée et le rythme qu’ils adopteront plus tard.

Le bruit à la cantine peut entraîner des problèmes auditifs

Une exposition prolongée à un niveau de bruit élevé peut entraîner des problèmes auditifs chez les enfants, notamment des acouphènes et des troubles de l’audition.

Optimiser le traitement acoustique

La correction acoustique au moyen de matériaux poreux absorbants

Dans un local, quand une onde sonore rencontre un obstacle, un mur par exemple, son énergie est réfléchie, absorbée ou transmise. L’énergie réfléchie, qui est donc renvoyée dans la pièce, est responsable des phénomènes de réverbération. L’utilisation de matériaux absorbants est essentielle pour limiter la réverbération du son. Tous les matériaux possèdent une capacité variable à absorber l’énergie acoustique. Cependant, seuls ceux dont le coefficient d’absorption dépasse 0,3 sont qualifiés d’absorbants acoustiques. L’absorption acoustique, notée α (alpha), dépend de la fréquence et est mesurée en laboratoire.

Par définition : α = énergie absorbée / énergie incidente

On distingue trois principales catégories de matériaux absorbants, selon leur comportement physique :

  • Les matériaux poreux
  • Les résonateurs d’Helmholtz et perforés
  • Les membranes (ou panneaux fléchissants)

Les matériaux poreux offrent une absorption plus efficace des fréquences aiguës que des fréquences graves. L’absorption des hautes fréquences ne dépend pas de l’épaisseur du matériau, mais elle s’accroît lorsque la taille des pores diminue. En revanche, pour les basses et moyennes fréquences, l’absorption s’améliore avec l’augmentation de l’épaisseur (épaisseur > longueur d’onde / 10).

αw est le coefficient qui donne la valeur moyenne de l’absorption d’un matériau ou d’un assemblage de matériaux, indépendamment de la fréquence. Il se calcule suivant la norme NF EN ISO 11654.

Valeurs de coefficients d’absorption pour différents matériaux

Valeurs de α
Matériaux absorbants*250 Hz500 Hz1 000 Hz2 000 Hz4000 Hzαw*
Laine minérale ép. 50mm sous bardage perforé> 20%0,800,900,900,900,950,90
Faux plafond en laine minérale avec voile fibre de verre épaisseur= 20 mm (+plénum 200mm)0,60,70,850,950,950,95
Mousse de mélamine, épaisseur= 20 mm0,100,200,500,800,900,30
Mousse de mélamine, épaisseur= 50 mm0,280,600,901,001,000,55
Mousse de polyuréthane, épaisseur= 20 mm0,150,280,500,950,850,35
Mousse de polyuréthane, épaisseur= 50 mm0,360,420,970,820,980,35
Matériaux non absorbants250 Hz  500 Hz1 000 Hz2 000 Hz4000 Hzαw*
Vitrage0,250,180,120,070,04
Bardage métallique0,200,150,140,100,05
Parois lisse (béton)0,040,050,050,050,05

Source : Guide « Bâtir l’École » – Collège –
Livret de conduite de projet de rénovations et de constructions – Ministère de l’Éducation nationale de la Jeunesse et des Sports

Locaux de restauration jusqu’à 250 m3

Dans les locaux de restauration, la volumétrie importante de ces espaces nécessite une attention particulière en termes de traitement acoustique et de choix des matériaux. Dans les salles dont le volume est inférieur à 250 m3, des cloisons absorbantes pour couper l’espace et limiter les conversations entre tables éloignées pourront être réalisées avec des matériaux non dégradables de type bac métallique ajouré avec absorbant intérieur. En ce qui concerne les plafonds, les solutions globales qui traitent les surfaces de manière homogène assurent une acoustique optimale et une plus grande polyvalence de l’espace. Le traitement des plafonds et retombées de parois verticales pourra être mis en œuvre au moyen de plaques absorbantes sur ossature métallique, avec un objectif de αw de classe C (≈0,6). Les matériaux perforés ou ceux offrant un bon taux d’absorption, comme les matériaux poreux en fibre minérale ou biosourcée, sont particulièrement adaptés aux salles de restauration.

Pour les locaux avec de grande hauteurs sous plafond ou de grands volumes, il est possible d’augmenter les surfaces d’absorption avec des baffles absorbants suspendus. En cuisine (bruits, température, humidité…), cette solution est à privilégier mais nécessite une étude spécifique.

schéma représentant des cloisons absorbantes et le traitement acoustique des plafonds
Locaux de restauration scolaire de volume < 250 m3 : cloisons absorbantes entre tables et traitement des plafonds et retombées de parois verticales par plaques absorbantes sur ossature métallique

Schéma d’après « Bien concevoir l’acoustique des locaux accueillant les enfants pour préserver leur santé » – ARS Franche Comté – 2010)

Locaux de restauration de volume supérieur à 250 m3

D’une manière générale, l’amélioration acoustique des espaces de plus de 250 m³ nécessite une étude acoustique approfondie en fonction de leur utilisation (voir aussi notre article Bruit dans les écoles : quelles solutions acoustiques ?). Pour garantir un confort acoustique optimal, d’autres solutions peuvent être associées à l’absorption acoustique, telles que l’installation de panneaux diffuseurs ou de résonateurs.

Pour les bâtiments existants, les travaux de rénovation énergétique, et en particulier l’installation d’une isolation thermique, offrent une excellente opportunité pour améliorer l’acoustique. Le choix des matériaux, le traitement des ponts thermiques, et d’autres aspects sont autant de leviers pour répondre aux défis d’amélioration acoustique.

Adapter l’agencement des espaces

Une disposition adaptée du mobilier et des espaces peut réduire la propagation du bruit. L’organisation de la salle de restauration en sous-espaces est une solution intéressante. Espacer les tables, intégrer des panneaux amovibles acoustiques et prévoir des zones de repas par petits groupes sont des solutions envisageables sous réserve qu’elles soient compatibles avec la surveillance des élèves et l’organisation du service pour le personnel, en particulier en maternelle où le service se fait souvent à table. L’aménagement doit également être compatible avec les modalités de nettoyage des sols.

Réduire le bruit à la source

Limiter les sources de bruit est un axe stratégique pour améliorer l’environnement sonore dans les locaux de restauration scolaire. Pour favoriser l’adoption de bonnes pratiques comportementales, il est possible d’encourager les enfants à parler à un niveau sonore modéré à travers des actions de sensibilisation et la mise en place de règles de vie. La mise en place de signaux visuels ou sonores pour indiquer les niveaux sonores acceptables a par exemple fait ses preuves pour favoriser une ambiance sereine. On peut aussi instaurer des périodes de silence ou organiser des jeux pédagogiques autour de l’acoustique. En modérant leur propre niveau sonore, les agents d’encadrement peuvent également jouer un rôle actif en montrant l’exemple. Enfin, le choix d’équipements moins bruyants pour le service, tels que des chariots équipés de roues en caoutchouc, ou le choix d’assiettes silencieuses, contribue à une ambiance plus apaisée. Pour minimiser les bruits d’impacts, il est aussi préférable d’équiper les chaises et les tables de patins anti-bruit.

Il est important de souligner que pour réduire les nuisances sonores, l’option du self-service dans l’organisation de la restauration favorise l’autonomie des élèves. Chacun peut manger à son propre rythme et quitter la salle de restauration une fois son repas terminé, ce qui diminue les périodes d’attente, souvent sources de comportements bruyants. De plus, en limitant le nombre de convives par mètre carré — idéalement, prévoir un minimum de 1,3 m² par élève — on réduit la gêne entre les usagers.

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